Les Scouts et Guides de France dans le Val de Marne

  Vallée du Réveillon (suite)

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Quelques réflexions d'un chef du groupe de la Vallée du Réveillon en 2012, trouvées sur le site internet du groupe

 
 

« Si la cause est bonne, c’est de la persévérance. Si la cause est mauvaise, c’est de l’obstination. »

Si Laurence Sterne, l’auteur de cette citation, prend sa place dans ce blog aujourd’hui, c’est parce qu’elle fait écho à mon parcours scout actuel ; après beaucoup d’aventures scoutes, la situation actuelle me laisse incertain sur l’issue de l’investissement que je consacre au du groupe.

Là où les uns ont passé deux mois de vacances, j’ai pu vivre beaucoup d’expériences scoutes et un enrichissement, une fois n’est pas coutume, conséquent !

Le camp a été une source d’excitation mais aussi d’appréhension : la première fois que j’en dirigeais un ! Nous sommes partis avec une autre peuplade, celle du Plessis, car nous ne pouvions pas partir seuls (fautes de jeunes, beaucoup ne pouvant pas partir à ce moment-là), mais surtout que la rencontre pouvait s’avérer enrichissante ! Et elle le fut.

je crois qu’il s’est bien déroulé, avec ses hauts et ses bas. Nous avons subi beaucoup de pluie, dû annuler plusieurs veillées et activités. Il se dit que ce sont les chefs qui subissent le plus le mauvais temps dans ce cas-là, et c’est bien vrai, je confirme. Le moral, quant à lui, est resté haut pendant la pluie, mais a connu aussi ses instants de déroute, surtout au début… quand les parents des jeunes manquaient, et que les chagrins étaient visibles et très communicatifs.

Par l’accent mis sur la progression personnelle, la vie spirituelle et chrétienne et la vie des deux groupes, les jeunes ont eu l’occasion de vivre beaucoup d’expériences, qui, je l’espère, resteront avec un souvenir positif. Du côté de la maîtrise, nous étions cinq. Il a été très intéressant de pouvoir réunir des personnes d’horizons et d’âge très diverses, autant dans la manière de bâtir un projet pédagogique commun (surtout quand deux de ces chefs ne faisaient partie ni de la VDR, ni du Plessis) et de faire en sorte que les caractères s’accordent pour le bien-être des jeunes, ce qui a plutôt bien fonctionné ! Cela a failli trop bien fonctionner d’ailleurs, et nous nous sommes quelquefois dangereusement rapprochés d’un camp « pour la maîtrise » et non d’un camp « pour les jeunes » (après, beaucoup d’éléments concrets viennent réfuter cette assertion, je me contente donc d’attribuer donc cette impression à la bonne entente qui régnait dans la maîtrise. C’est une des clefs d’un camp réussi, après tout !).

j’ai beaucoup aimé mon rôle de directeur, même si, malheureusement, cela a impliqué de passer moins de temps avec les jeunes. je tiens en tout cas à mettre en valeur le remarquable investissement des autres chefs et cheftaines, qui se complétaient idéalement et ont fait de ce camp ce qu’il a été.

j’ai expérimenté ma volonté de faire des projets un peu élaborés et la réalité du terrain, signe que j’ai encore beaucoup de chemin à parcourir. je peux prendre comme exemple la rencontre inter-mouvement que je voulais organiser et que je n’ai pas pu mener faute de scouts présents dans les environs, ou la messe à laquelle j’avais voulu que l’ensemble de la paroisse locale participe, mais qui n’a pas porté ses fruits. Quel dommage !

Mais c’est surtout signe qu’avant de se lancer dans des projets plus péchus, il faut savoir assurer les bases, surtout avec des enfants de huit à onze ans. Le scoutisme, c’est simple, et ça prend déjà du temps. Bien manger, bien dormir, faire en sorte que les jeunes s’amusent, vivent dans la nature, soient en sécurité, et qu’ils soient éduqués selon la méthode scoute, est déjà un travail colossal.

Et ce sont souvent les choses les plus simples qui sont les plus difficiles. j’ai eu la chance, sur ce domaine, d’avoir un peu d’expérience préalable, de bagage, de formation, de passif (contrairement à quand j’ai récupéré la position de chef d’unité il y a deux ans), mais je vois que je tiens encore mon rôle d’une manière très scolaire, surtout quand il s’agit de questions légales, de salubrité, sanitaires, administratives etc. je n’ai de toutes façons pas tellement le choix, même si la première règle, dans ces questions, reste le bon sens.

j’éprouve quand même de la déception à l’égard des ambitions que je nourrissais pour les jeunes ; je pourrai voir aussi le verre à moitié vide, et constater que les trois objectifs éducatifs qui ont été définis pour le camp (consistant à mettre l’accent sur la progression individuelle, la vie spirituelle et chrétienne et la réussite de la vie de groupe par la découverte et l’harmonie entre les deux groupes) n’ont pas été forcément plus creusés que ça.

A travers ce rôle de directeur, enfin, j’ai expérimenté plus avant la position de décideur, et j’ai adoré ça. Le style de « management » que j’ai adopté a bien fonctionné et je compte bien continuer dans cette voie.

Globalement, le camp a connu des hauts et des bas. De très fortes expériences, très émouvantes, comme par exemple l’engagement de chef que mon co-chef a fait après la veillée promesse. Le mail que nous avons reçu d’un des parents après le camp, qui nous a beaucoup touché également, le genre de mot qui justifie à lui seul tout ce qu’on fait pour les scouts (et cela n’arrive pas si souvent !). Les chefs extérieurs au groupe, qui ont tant donné et tant apporté, « sans attendre d’autre récompense… ». Le fait d’avoir réussi à intégrer une des jeannettes (un peu grande) très difficile, complètement hermétique, méchante et insolente au début du camp, et géniale à la fin, qui ne voulait plus partir… et qui s’était autorisée à redevenir une enfant, le temps du camp.

Mais aussi des souvenirs moins bons. Un louveteau qui a terminé son camp isolé, que nous n’avons pas laissé sur le carreau mais que nous n’avons pas réussi à ambiancer. Des jeunes qui se disaient entre eux que « l’année prochaine, j’arrête parce que je n’aime pas le camp, mais je ne le dis pas aux chefs ça va les rendre triste » (cette réflexion m’a vraiment bousillé).

Mais le mieux, comme toujours, et cela va me manquer puisque c’était le dernière expérience louveteaux que je menais, c’était de se faire réveiller au petit matin par les « piaillements » des enfants, de donner leur importance aux petits drames quotidiens des jeunes (les « dramelets »), mais leur faire prendre du recul… voir les jeunes grandir, tellement changer en une semaine ! Les voir opérer, quelque fois, un demi-tour à 180° dans leur personnalité, voir les troisième années faire leurs derniers instants louveteaux et prendre un bout de temps, au coin du feu, pour faire un retour sur ce qu’ils ont vécu…

Et dire au revoir à celles et ceux qui restent, leur souhaiter bonne route, peut-être à dans un an… en espérant qu’il y aura une maîtrise louveteaux-jeannettes à la VDR pour relayer.

j’ai vraiment aimé me positionner en tant qu’éducateur, en espérant avoir mis au service, du mieux que je pouvais, toutes ses facettes, autant administrateur qu’animateur, autant rigoureux que convivial, autant attentionné à la progression personnelle et au bien-être de chacun qu’à l’ambiance générale et à l’émulation de groupe. je ne peux pas dire si je l’ai réussi, mais je l’espère sincèrement. Le camp est un marathon, où les heures de sommeil se comptent, où le travail et la vie en plein air font oublier la fatigue, où la maîtrise pousse ses limites physique et quelquefois, ont besoin de soutien pour ne pas craquer. Dieu merci, cela ne nous est jamais arrivé.

 

La deuxième partie de mes vacances à été consacrée à mon engagement au jamboree scouts-guides Vis Tes Rêves en tant qu’équipier de service, c’est à dire que j’ai été, parmi 300 autres, les petites mains qui ont contribué à rendre le jamboree possible. Beaucoup d’expériences aussi pendant ce jamboree, de rencontres. Par exemple, la rencontre avec des cheftaines du mouvement des Scouts Musulmans de France, avec qui j’ai gardé contact, avec le commissaire des Eclaireurs et Eclaireuses Israélites de France que j’ai enfin rencontré, après tout ce que j’ai lu de sa plume sur les forums, ou plus simplement des équipiers de service, tout comme moi, dont l’intelligence, la sympathie et la culture m’a laissé de très bons souvenirs (nous avons, entre autres, partagé des délires assez intenses, signe pour moi d’une expérience scoute réussie ;-)

Passer quinze jours à être une petite main au service du jamboree, c’est chouette parce que cela permet de voir l’envers du décors et se dire que l’on est vraiment utile à quelque chose, même si cela réduit les possibilités de prendre des décisions à zéro. N’avoir aucune responsabilité, au bout d’un moment, c’est ennuyeux, j’irai même jusqu’à dire que c’est démotivant.

Il est quand même très agréable de vivre cet esprit de confiance et de fraternité qui régnait entre les équipiers de service. Cette esprit étant fondé par le désir commun de bien faire notre travail, et l’humilité.

Michel Menu, dans son livre le C.P. et son gang, écrivait :

Même si elle n’est considérée que comme une sorte de service artisanal, la B.A. n’est jamais mesquine. Peut-être paraît-elle ridicule au temps des services nationaux et internationaux, mais elle est comme un signe de vocation. Elle prédispose.

C’est avant tout l’occasion de voir que quelque soit l’ingratitude de la tâche à faire (et je suis loin d’être le plus à plaindre dans ce domaine, pensons à ceux qui étaient à la sécurité ou à la déchetterie), il faut quelqu’un pour le faire et que la personne qui le fait bien est tout autant respectable que le cadre qui supervise une tâche critique, et qui quelquefois se prendra très, très au sérieux. Il n’y a pas de sot métier, seulement de sottes personnes.

Sottes personnes qui quelquefois se complaisaient et s’autocongratulaient ad nauseam, tout en plaçant, de ci-de là, quelques réflexions bien éloquentes sur leur état d’esprit et la vision des « grouillots » (« Ça va, tu t’amuses bien avec ton tout petit rôle dans ton tout petit village ? »). Heureusement, cela ne concerne qu’une minorité, tous les cadres et les BBR ne se sont pas comportés de la sorte.

L’évènement, en soi, fut une belle réussite de bout en bout, à l’exception de la seconde veillée qui fut noyée sous la pluie… j’en retiendrai beaucoup de souvenirs, d’expériences, de rencontres. Mes moments préférés ? Quand je passais de village en village dans mes temps libres, à être littéralement au cœur du jamboree, parmi les scouts et les guides, et les voir vivre leur vie. Me laisser aller dans la marée bleue, donner un coup de main de temps à autres, être observateur au plus près des jeunes. Discuter chapeau avec deux jeunes sur le coin d’un chemin, aller taper la discute avec les différents chefs et groupes à travers la France avec qui j’ai des contacts (ça prend du temps de tous les trouver !), et surtout, rencontrer mes futurs jeunes de l’année prochaine.

Le coin de la VDR ne payait pas de mine et me laissa inquiet, tout comme l’état de la tribu l’année prochaine. je compte sur la dynamique apportée par l’afflux plutôt massif des anciens louveteaux l’année prochaine.

Car cette nouvelle année qui débute laisse place à une nouvelle donne dans le groupe : les RG s’en vont, il n’y a plus de maîtrise louveteaux-jeannettes. Pour ma part, je passe aux scouts-guides, mon co-chef de toujours quitte les scouts (il sera quand même présent « pour les week-end et le camp ») et j’en ai recruté un nouveau, venu de Paris, que j’ai connu durant mon stage tech. Une autre personne, sur lequel j’ai peu d’informations mis à part le fait qu’il sera plus âgé, a manifesté son envie d’être chef (youpi !), et les pionniers sont encore moins nombreux que l’année dernière. L’autre point critique étant le départ des RG, point névralgique du groupe, première ressource indispensable. j’ai beaucoup d’expectations concernant le futur nouveau (ou nouvelle) RG, beaucoup d’attente. La première étant qu’elle ait un réseau. Malheureusement, aucune personne ne s’est pour l’instant manifestée. S’il n’y a pas de nouveau RG, le groupe s’arrête, et mois je vais scouter à Paris. Fin de l’histoire. Si le groupe veut continuer, il faut que les actuels scouts-guides vivent leurs années bleues, puis rouges : vaste défi, quand on sait que c’est dans ces deux tranches d’âge que partent 60% des anciens louveteaux-jeannettes. Cette donnée me terrifie (bien sûr que je m’approprierait les éventuels départs comme des échecs personnels, on ne me refait pas) mais me donne en même temps encore plus de motivation pour me défoncer et envoyer du pâté, surtout dans l’animation et la volonté de redonner au groupe une dynamique et une culture.

Si le jeu scout comprend, dans ses fondamentaux les plus forts, la vie en équipes, alors cela explique peut-être les difficultés que les scouts-guides ont connu jusqu’à présent dans mon groupe : tout simplement une faute d’effectif. Quand on est moins de 10, on ne peut pas faire grand chose et le jeu des équipages est un peu biaisé (un équipage de 6 garçons et un équipage de 3 filles…). Mais j’ai énormément de curiosité, d’impatience, d’appétence à découvrir cette nouvelle tranche d’âge, quitter les grands enfants pour aller à l’aventure avec les jeunes ados. j’ai potassé tout l’été (entre autres) pour intégrer la péda, les usages, comprendre le fonctionnement et les centres d’intérêt de cette tranche d’âge. Passé beaucoup de temps à réfléchir sur ma future façon d’être, mon style d’animation, le fond et la forme des activités que j’allais proposer aux jeunes.

Le groupe est maintenant dans une position critique, qui peut aller vers le bien mieux comme il peut aller vers le bien pire : la branche bleue sera majoritairement composée d’anciens louveteaux qui vont attendre quelque chose de nouveau, ainsi que les « anciens » dont j’aimerai vraiment connaître leur passé scout pour leur présenter quelque chose de nouveau et d’attractif, si je vais introduire un clivage dans leurs habitudes, mais surtout si je vais correctement accompagner leur éducation, et si je vais suffisamment les accrocher pour faire décoller ce fichu groupe.

Il est dit que les scouts-guides sont les plus exigeants en matière de qualité d’animation, que l’imaginaire à destination des bleus est le plus difficile à construire, compte tenu du fait qu’ils sont beaucoup moins naïfs que les louveteaux mais que leur jeune âge exprime tout de même besoin de vivre une histoire, d’un support imaginaire pour rêver, d’un rôle à jouer, d’une raison pour se lancer dans une aventure. Et je ne parle pas ici du rôle qu’ils ont au sein de leur équipage. Mais surtout, l’imaginaire sera là pour les faire rêver. j’espère sincèrement que je serai à la hauteur. Ma plus grande inconnue sera le fait de réussir à concilier les garçons et les filles sur le projet, les activités communes et l’ambiance, à un âge où ils changent si vite et où les sexes se différencient tant.

Du côté de la branche louveteau-jeannette, je sais maintenant que j’aurai pu faire beaucoup mieux. L’expérience répond maintenant à des questions et des problèmes auxquels j’ai été confrontés il n’y a pas si longtemps que ça. j’espère pouvoir transmettre correctement ce que j’aurai appris si des chefs louveteaux-jeannettes en ont besoin, (je leur ai même déjà préparé un dossier de suivi) !

La prochaine expérience forte est mon départ, lundi prochain, pour un raid goum dans le désert des Causses. Huit jours sans portable, sans montre, sans réveil, huit jours où je ne sais pas ce que je vais vivre, tout en sachant que, délesté du superflu, je vais apprendre sur moi-même et sur les autres…

Reste à savoir si je suis dans la persévérance ou dans l’obstination. Ça ne dépendra pas que de moi, mais je serai à coup sûr un acteur de la réponse.

 

 

Quelques réflexions d'un nouveau chef du groupe (mai 2012)

 
 

On sait pourquoi on donne son temps…

Durant le mois de Mars, je me suis invité aux dix ans de l’association La Toile Scoute, fort connue pour ses sites internet de qualité, et où j’ai eu le plaisir de rencontrer certains de leurs membres (et même quelques forumeurs !). Quel plaisir de pouvoir échanger en vrai avec ces personnes qui contribuent à animer et enrichir la vie le dialogue intermouvement français, au-delà des obédiences et des usages, à la rescousse de bien des chefs en panne d’idées (qui n’est jamais allé piquer des idées de jeu ou de cuisine sur LTS ?)

Majoritairement composée de Scouts et Guides de France, l’évènement m’a permis de tisser de nouvelles relations, d’avoir quelques échanges sur des sujets de fond très intéressants… étaient même présents le président des SGdF et son fils, fier représentant des oranges ce soir-là !

Grignoter un bout de fromage avec quelques uns, écouter les concerts de gars super talentueux, repartir avec un nouveau pote et avoir eu l’occasion d’évoluer sur certains sujets… des figures notoires aux réputations plus modestes, la qualité des échanges n’a pas manquée.

 

Une semaine après, direction Berville, pour visiter le lieu de camp pour la première fois. Il fallait me voir arriver avec mon petit papier et mes petites questions… « Gestion de l’eau ? des poubelles ? L’adresse du médecin ? » et autres détails pratiques. Le lieu est grand, beau, dégagé, varié, en somme, il est exceptionnel. A l’heure où j’écris ces lignes, mon équipe et moi avons bouclé le dossier de camp et j’avoue que je l’attends avec impatience. Même s’il reste beaucoup de travail (dont notamment élaborer toutes les activités, prendre contact avec les commerçants, autorités, équipes paroissiale, scouts du coin pour le plus immédiat), on est déjà bien en avance et en confiance.

je suis réellement satisfait d’avoir trouvé une équipe complète et variée pour ce camp. Les horizons, âges et styles sont très variés et c’est très intéressant faire naître des synergies de ce qui aurait pu être un handicap. De plus, nous avons décidé il y a moins d’un mois un jumelage avec une autre peuplade, celle du Plessis-Trévise, et cela a de grandes conséquences, notamment de par le fait que leurs jeunes seront plus nombreux que les nôtres. Très important, ici, d’écouter la responsable de cette peuplade pour bien préparer son camp et de bâtir le projet de camp ensembles.

La préparation du camp en tant que directeur m’accapare et me passionne pour l’instant. C’est d’autant plus stimulant que le dossier a été élaboré alors que je ne suis toujours pas officiellement formé (la formation en question a commencé le week-end dernier), et pourtant, j’ai l’impression qu’on a un dossier béton, des bonnes idées à la pelle, tout à faire, tout à apprendre. Quel magnifique terrain de jeu ! Mais aussi une belle occasion de mettre réellement en application les acquis de ma formation pour créer quelque chose, utiliser cette formation comme une base, un outil, et non comme un but.

Être directeur, cela veut dire aussi assumer plus de responsabilités. Quand j’ai fait examiner le dossier du camp par l’équipe territoriale il y a peu, je me suis fait reprendre sur certains point que je n’avais pas personnellement gérés, comme par exemple les menus. Hors de question, dans ces cas-là, de répondre « ce n’est pas ma faute ce n’est pas moi l’intendant ! ». Ça a été à moi d’assumer le problème, non en tant que chargé de cette tâche, mais en tant que responsable. C’est à travers ce genre d’exemple que j’apprends une partie du rôle de directeur, et des actions qui en découlent : laisser faire, mais bien vérifier derrière ! La maîtrise du camp a signé une charte commune. Parmi ses articles, « je sais faire confiance aux autres ». Cela ne signifie pas confiance aveugle… au même titre qu’un scout, selon l’article 7 de la Loi Scoute (dans la formulation ancienne), doit savoir « obéir sans réplique », mais pas obéir aveuglément ? Ou bien que son honneur est de mériter confiance, selon la loi 1…

Être directeur, c’est être chef d’orchestre et non pas homme-orchestre. Les responsabilités augmentent, mais le temps imparti pour les assumer restent les mêmes. Pour résoudre l’équation, il faut diluer le travail, travailler l’art de la délégation. j’ai la chance d’avoir à mes côtés une super équipe, des chefs compétents et disponibles. C’est un luxe qui n’est pas donné à tout le monde…

Être directeur enfin, c’est encore beaucoup d’inconnu et quelques inquiétudes, dont l’une, et non des moindres, est de m’éloigner de mes jeunes. M’éloigner physiquement de par le fait que je passe moins de temps avec eux, affectueusement car moins je passerai moins de temps à animer et plus de temps à râler sur les horaires ou la propreté, quitte à me donner un rôle impopulaire, et intellectuellement, car j’ai peur que mon rôle, étant de me porter garant du projet pédagogique du camp et d’assurer la sécurité physique et affective des jeunes, implique obligatoirement une prise de recul avec les problèmes les plus immédiats.

Ces aspects avaient fini par peser sur la directrice des camps auxquels j’ai participer. j’espère me révéler aussi efficace qu’elle l’a été, tout en trouvant, si c’est possible, des moyens de ne pas subir cette même frustration.

En mars, enfin, nos jeunes ont pu participer à une journée louveteaux-jeannettes territoriale. En regroupant tous les 8-11 ans du Val de Marne au parc de Vincennes, aux abords du château, nous avons eu le plaisir de voir nos jeunes expérimenter la rencontre, le fun et même la citoyenneté sous un soleil radieux (on est revenus bronzés !). L’imaginaire, le royaume du Val de Marne va bientôt perdre son roi qui laisse trois fils desquels il faut choisir l’unique héritier. Aux louveteaux et aux jeannettes de luter pour son conté ! Le matin, visite d’endroits notoires de Vincennes et jeux, l’après-midi, un grand stratégo dont le but était de ne pas pouvoir finir, puis, pour résoudre cette situation, une élection en bonne et due forme, avec discours, élaboration des doléances en petit groupes et vote. Bizarrement, lors de l’élaboration des doléances, on retrouvait clairement des convergences de point de vue quant à :

- la distribution quotidienne de bonbons

- l’arrêt complet de l’école

- la paix dans le monde et l’abrogation pure et simple de la pollution

Tout va bien, le futur est entre de bonnes mains.

 

En Avril, une seule activité scoute, mais non des moindres : on a organisé un week-end génial de trois jours pour Pâques. Première bonne surprise, quasiment tous les jeunes étaient là (à part deux malpolis dont les parents n’ont même pas pris la peine de nous prévenir) malgré le fait que le week-end était long et est traditionnellement réservé à des fêtes en famille.

Deuxième bon élément, on a invité trois nouveaux qui se sont plus et souhaitent rester. Dommage toutefois qu’ils ne puissent participer au camp, c’est généralement grâce à un camp réussi que les jeunes restent et s’investissent plus. A contrario, ceux qui ne participent pas au camp ne renouvellent généralement pas leur inscription l’année suivante. C’est d’ailleurs assez préoccupant dans le sens où seulement 12 de nos jeunes vont participer au camp de cette année…

Troisième bon élément : le week-end était génial et on a eu de bons retours de la part des enfants. Le premier jour a été plus orienté vers le spirituel, nous avons animé une activité où les jeunes apprenaient la chronologies de la fête de Pâques et de ce qui l’entoure, et où ils ont rencontré un prêtre à qui ils ont pu poser des questions… (un prêtre ancien chef scout !). Le lendemain, le petit-fils de superman est revenu nous visiter depuis le futur pour que les louveteaux et les jeannettes nous fassent profiter de leurs brillants talents en théâtre et en peinture d’oeufs, avant que l’infâme professeur Galice ne tente de blesser le superman avec un jet acide de cryptonite !

Dans la bataille, il fut lui aussi blessé et du lui aussi prendre la fuite. Le rattraper, dans un grand jeu de piste à travers Santeny et la forêt, n’a pas été une mince affaire ! Mais au bout de la traque, une grande chasse aux œufs en pleine forêt est venu couronner les efforts des enfants. (Nota Bene : ne jamais utiliser le bleu de méthylène comme marqueur dans un jeu de piste !). Puis, retour au campement, temps atout où un jeune nous a présenté son super travail pour fabriquer un coin prière, et une veillée contes agrémentée d’airs de guitare par deux virtuoses.

Le lendemain, session rangement des tentes et nettoyage du terrain, toujours difficile avec les jeunes et fatiguant pour les chefs, puis une fête des semailles où on a célébré l’acquisition de la graine de Maÿls (curieux de Dieu) et de Kawane (respectueux), et célébration autour d’un goûter et d’un jeu du béret. Les parents étaient déjà arrivés lorsque nous chantions la Prière Scoute du Père Sevin pour conclure le week-end…

Un ami personnel, chef scout-guide à Houilles, a décidé de nous donner un coup de main pour le camp et a profiter de ce week-end pour rencontrer les jeunes. Son arrivée a été un vrai plus et nous avons bénéficié avec plaisir de ses bonnes idées et de son aide qui s’est révélée précieuse.

j’ai remarqué que j’avais régulièrement tendance à venir discuter avec lui pour déconner (car c’est un chef avec qui je déconne bien), quelque fois un peu au détriment des autres chefs et des jeunes durant les repas. Il faudra rester attentif à ce point durant le camp, pour ne pas former de groupuscules isolés et ne pas mettre de côté les autres chefs, mais surtout pour ne pas négliger les jeunes… je découvre aussi à bien discerner le chef avec qui j’encadre des jeunes, et le pote avec qui je déconne. La frontière doit être définie, et cela rentre aussi dans les prérogatives d’un chef de camp…

Les repas sont d’importants moment où les discussions informelles avec les jeunes permettent d’échanger notamment sur leur culture : quels sujets les intéressent, quels jeux vidéo, chanson à la mode, ce qui se passe dans leur vie de tous les jours… c’est bizarrement le seul moment où l’on peut discuter de ce genre de sujet avec eux (et aussi faire des concours de blagues ou raconter des histoires farfelues) car les autres moments informels où l’on peut discuter de tout sont assez rares : je ne vois pas d’autres moments que les services (vaisselle, cuisine…) pour cela. Bien sûr, des temps sont réservés pour des entretiens « individuels », mais ils sont souvent orientés sur un sujet précis.Bizarrement, les moments où les jeunes peuvent vraiment se livrer à nous, nous raconter un secret ou un chagrin, sont peu nombreux et improvisés : quand on soigne un bobo à l’infirmerie, quand on décharge les courses dans la tente intendance, quand on nettoie les « accidents » de nuit à part…

En opposition à l’arrivée de ce nouveau chef, j’ai eu à déplorer, à contrario, le départ des deux cheftaines qui étaient arrivée à la fin de l’Automne dernier. La première a du quitter la peuplade à grand regret, suite à un nouveau travail qui lui prenait trop de temps. Elle a tout quitté du jour au lendemain, sur un texto.

Le fait de l’annoncer par texto est la seule chose que j’ai mal prise.

La deuxième a du être ramenée en catastrophe à la gare lors du week-end. je ne sais dire à quel point elle était gênée et je ne la juge pas, mais je ne peux pas l’accepter pour le camp ; s’occuper de jeunes demande de la stabilité.

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T., je n’ai pas mal pris ton départ. Cela fait longtemps que je souhaitais t’écrire cela et je pense que tu n’iras jamais lire ces lignes ici, mais le fait que tu ne puisses pas téléphoner complique pas mal les choses quand il s’agit de se dire au revoir correctement. Dommage, je n’avais pas grand chose à te dire…

Si ce n’est que tu manques aux jeunes, si ce n’est que tu nous manque. Tu as été, pendant une période trop courte, un rayon de soleil pour la peuplade, la personne en qui j’avais confiance pour la suite, une personne que j’admire beaucoup. Peu de gens sont comme toi, capables de s’investir autant dans quelque chose que tu ne connais pas, juste parce que ça fait plaisir à des enfants. Capables de potasser une pédagogie obscure et d’aller vers des inconnus en foulard, même si on dit que ce sont d’affreux cathos. Capable d’oublier ta vie difficile le temps d’un après-midi pour suivre une équipe de gars qui font vivre des aventures décalées à des gamins pas sages… Capable de sacrifier beaucoup de trop de soirées en réunions, beaucoup trop de dimanches dans les bois.

j’espère que ces heures perdues te furent heureuses, que les souvenirs qu’elles t’auront laissés te sont chers, et que tes nouvelles études seront couronnées de succès.

N’oublie jamais que la porte reste grande ouverte.

 

L., je ne t’en veux pas non plus. Il valait peut-être mieux que je te raccompagne, même si on était en plein avec les jeunes, plutôt que tu craques devant eux. Peut-être n’étais-tu pas prête pour t’engager. Peut-être que ta situation personnelle te laissait trop fragile.

je suis néanmoins content d’avoir pu faire ce bout de chemin avec toi. La prochaine fois que tu croiseras des scouts, tu penseras aux moments où tu as porté le foulard… et j’espère ce seront tout de même de bons souvenirs, auxquels tu repenseras avec sérénité et sans ressentiment. Les jeunes pensent la même chose de toi.

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Ce week-end,

Dans deux semaines, le week-end aventure tant escompté du groupe aura lieu. je ne peux rien dévoiler maintenant, mais ça promet d’être bien. je ne cache pas que j’attends pas mal de ce week-end, un petit peu de bleus supplémentaires dans le groupe ne pourra que faire du bien (d’autant plus si c’est moi qui les accompagne l’année prochaine !)

Dans trois semaines, je vais avoir la chance de participer à un évènement EEdF (Eclaireuses et Eclaireurs de France, l’association de scoutisme laïque en France), un raid inter-groupes qui se déroulera dans le Vercors. Pour l’instant, je ne sais pas exactement ce que je vais y faire, mais je sens que ça va être génial. Avec deux copains à moi, on va suivre des jeunes dans un raid ; au programme, veillée et nuit dans une grotte, des lieux insolites et exceptionnels… La suite bientot !

 

Pour finir, j’ai l’impression de faire correctement mon boulot de chef pour la première fois, reléguant presque les expériences passées au stade d’essais hasardeux. je ne sais si c’est une meilleure compréhension de la pédagogie SGdF louveteaux-jeannettes, une meilleure connaissance des jeunes et de leur réaction, l’impression d’avoir trouvé un rythme de croisière… La formation y est pour quelque chose, le fait de s’être défoncés avec les autres chefs pour y arriver aussi.

On arrive enfin à allier le fun et les activités constructives sans accroc, sans couac, sans personne qui râle. A faire en sorte que nos jeunes arrivent à rêver, jouer et grandir dans une bonne alchimie. Qu’être chef, finalement, c’est simple…

 

Mais qu’il est compliqué d’être simple.

 

 

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