Les Scouts et Guides de France dans le Val de
Marne
Témoignages (suite) |
Souvenirs de Jean Chouard,
ancien du groupe Saint-Louis de Vincennes qui était venu à Saint-Mandé le 29
septembre 2007 à l’occasion de la célébration du centenaire
(ces souvenirs ont été publiés dans le numéro de décembre 2007 du journal Scout
un jour ... dans le Val de Marne) :
J'ai personnellement tenté, il y a quelques années, de recenser et regrouper les anciens de la 2ème Vincennes, Louveteaux, Scouts et Routiers qui ont croisé mon chemin entre Septembre 1944 et Septembre 1957 (époque de mon départ au Service Militaire). Guides et Scouts, Guides Aînées et Routiers, encadrement des deux branches, que ce soit sur Saint Louis de Vincennes, Notre Dame de Vincennes ou Notre Dame de Saint-Mandé, j'ai connu, rencontré, côtoyé beaucoup de monde... à l'époque. Malheureusement, les temps ont changé, les anciens se sont éparpillés. Certains et ils sont nombreux, ne veulent plus entendre parler de ces antiquités où, peut-être, ils ne se reconnaissent plus. D'autres, ils sont nombreux aussi, font l'erreur de confondre fraternité et association d'anciens combattants. D'autres enfin, les plus nombreux, s'en foutent: ceux-là et celles-là ont décidé d'oublier ... Louveteau en 1944, je suis de ceux qui doivent énormément au scoutisme de fin de guerre et d'immédiat après-guerre, à l'école de vie qu'il nous a proposée, aux exigences qu'il nous a enseignées, aux Aumôniers et aux Cheftaines et Chefs dont la disponibilité et le total désintéressement (à l'époque) nous ont aidés à devenir des femmes et des hommes réellement responsables et engagés. A cette époque, l'aspect matériel des choses demeurait relativement accessoire: on campait dans des conditions impensables aujourd'hui, on faisait avec le peu que nous avions (tentes percées, pas de double toit, pas de duvets, etc...), mais nous étions heureux, nous étions les rois dans la nature et nous nous éclations comme on imagine pas Au début des années 50, les Raider's Scouts ont été créés, pour les troupes bourgeoises qui avaient du fric et qui pouvaient se payer des Jeeps, des G.M.C. radio de l'armée américaine, etc, etc... Nous avons toujours considéré avec un infini mépris ce matérialisme hors de portée financière pour nous et nos Chefs ont toujours su nous apprendre à limiter nos prétentions à ce que Dame Nature nous offrait, moyennant les efforts que nous étions prêts à consentir pour vivre en bonne harmonie avec elle et en lui témoignant un respect qui se rencontre rarement, aujourd'hui... Chez nous, à la 2ème. Vincennes, nos "Nounourses" venaient du Peuple. Nous formions un mélange de classes sociales extrêmement large, mais où jamais les écarts n'ont posé problème. Nous étions Scouts et frères, c'est tout. Et Dieu nous réunissait, nous faisait cheminer ensemble, garçons, au seuil de la vie. Je suis trop âgé, maintenant, pour pouvoir remercier toutes celles et tous ceux qui, à tel ou tel moment, m'ont aidé à franchir les étapes de ma jeunesse: trop ont déjà été rappelés à la Maison du Père. Mais toute ma reconnaissance, toute mon affection et toute ma tendresse vont à celles et ceux qui nous ont précédés, à celles et ceux avec lesquels je communique encore aujourd'hui, à celles et ceux, perdus de vue, mais dont je conserve, précieusement, le souvenir au plus profond de mon cœur. C'est un témoignage du cœur que je te livre ici, Bernard : c'est, pour moi, fondamental. C'est la pierre angulaire de ma vie d'adulte et de chrétien engagé: tu comprendras que j'y tienne essentiellement. Père et grand-père, sans descendance scoute aujourd'hui (sauf une petite-fille, scoute américaine, mais sans la dimension chrétienne), je tente de témoigner, à celles et ceux qui me succéderont, l'idéal auquel je demeure fidèle. Une dernière chose, non la moindre: je suis plus un homme d'action que de prière. Et pourtant, il est une prière que j'ai adressée et que j'adresse à Dieu depuis le temps de ma Promesse Scout (avril 1948). C'est ma prière préférée parce que, pour moi, c'est la plus exigeante: c'est la prière de Saint Ignace, la Prière Scout, tant de fois chantée lors des camps et des rassemblements, prière, mais surtout ligne de vie, sans concession. Jean Chouard |
Quelques souvenirs d’un ancien Chef de Groupe à Nogent , puis à Vincennes ,
par Dominique RAMBAUD
(souvenirs publiés dans le numéro de juin 2007 du journal Scout un jour ... dans le Val de Marne)
Quelques années ont passé… Me voilà contacté par le Rédacteur de ce bien sympathique courrier « Scout un jour » … ce qui sous-entend (bien sûr..) « Scout toujours » … Sollicité pour fournir à mon tour un papier évoquant le temps passé de notre « aventure scoute », j’ai lu et relu les articles des trois premiers N° déjà parus ce qui, en soit, est une sorte d’ « aventure ». Il convient de constater sans faire beaucoup d’efforts ou d’exégèses, qu’ils relatent plutôt des événements du passé récent, ou informent de projets du futur proche. Normal, quand on sait que les lectrices et les lecteurs de ce Bulletin vivent, avec raison et passion, pleinement aujourd’hui leur Scoutisme de cette année 2007. Ayant dans ma vie rédigé de multiples articles et communications scientifiques, je sais qu’il ne faut pas oublier que l’intérêt de l’écrit ne peut naître que si chacun, chaque lecteur, y trouve son compte et un acquis personnel. Restons-en là : le but de ces quelques lignes est, simplement et rapidement, d’évoquer le Scoutisme que nous avons vécu, nous les « anciens » (ou « grands anciens ») des années 1950-1960. Peu importe ma « carrière scoute » personnelle, mais si je m’autorise à en rappeler quelques étapes, c’est uniquement pour étayer certains propos et comportements que les « tempes grises » actuelles ont aussi vécu. Chacune ou chacun des « anciens » y trouvera, au moins partiellement, une photocopie de sa vie scoute personnelle, passée dans le 94 -Val de Marne … Louveteau entre 1944 et 1948 à Nogent sur Marne (Albert de Mun), puis trajectoire bien banale à la Paroisse St.Saturnin : Scout, Chef de Patrouille, Assistant, puis Chef de Troupe (toujours en culotte courte..) et enfin Chef de Groupe avant une interruption de deux ans pour cause de service militaire (1961-1963), période difficile que les modes de vie scoute précédemment vécus ont permis de vivre et de surmonter. Installé en 1965, jeune ménage à Vincennes, et reprise d’activités scoutes comme Chef de Groupe à Notre-Dame de Vincennes interrompues en 1969 pour cause d’activités professionnelles à l’étranger. Voilà une tranche de vie que beaucoup de ceux qui sont des parents (et même plutôt des grands-parents) ont traversé. Quel était notre Scoutisme ? Ou plutôt quel était le Scoutisme de ce temps : vaste sujet sur lequel des avis très autorisés se sont étendus. Ce n’est surtout pas notre propos de mettre en regard et surtout de comparer le vécu scout dans des configurations sociétales bien différentes. Mais restent, bien sur, les valeurs fondamentales définies il y a bien longtemps par Baden-Powell, valeurs qui ont traversé sans problèmes (en étant confortées souvent) les décennies. Notre Commissaire Général se nommait Michel Rigal , l’Aumônier général , le Père Forestier o.p . D’autres noms reviennent à la mémoire : le Fr.Hégo o.f.m. , Paul Rendu, François Lebouteux, Michel Menu, Michel Bassot , Jacques Deschamps , etc… : voilà surtout ce que je voudrais évoquer ici, plutôt que de relater placidement le déroulement de tel « W-E dans les gorges de Franchard » à Fontainebleau , ou autre exploit de Camp en Aveyron ou dans les Cotes d’Armor. Ceux qui les ont vécu en garde les mémoires (chacun son petit secret …).
Très brièvement, car l’attention de chacun est chère à celui qui
écrit, je souhaiterai plutôt évoquer les thèmes de réflexion de Camps
de formation des Chefs et Routiers . Ils alimentent encore notre vie : Et aussi, dans un
axe plus actuel et civique, dont il est fait état dans certaines lectures
de notre époque : C’est, bien sûr, à terme, la découverte et la prise en compte de la notion de responsabilité : responsable d’autrui et responsable de soi. Cette prise de responsabilité est progressive et continue dans la méthode scoute : elle débouche naturellement sur la question de l’engagement. Cela commence par la Promesse du Louveteau de 8 ans … Qui ne voit pourtant que c’est en s’engageant à l’age adolescent, qu’on se prépare aux engagements futurs ? Ceux- ci conduisent chacun alors à la découverte de ses possibilités et de ses limites, en expérimentant la valeur de ses premières certitudes et, plus tard aussi l’apprentissage de la solitude et de la prise de risque dans l’existence. Voilà un peu de l’essentiel que les Camps de formation des aînés du Scoutisme apportaient à ceux qui « de mon temps » devenaient Chefs ou Cheftaines … Mais, à la lecture de l’Éditorial de Philippe Jeannerot en première page du N°3 – Avril 2007 de ce Bulletin « Scout un jour… », je m’aperçois, sans m’en étonner bien sûr, que le discours est identique, quand il écrit : « Donner du sens à sa vie …. Engagement dans l’action positive sur l’autre, et dans l’action sur soi. » L’esprit, les concepts, les perspectives du Scoutisme sont bien les mêmes, et traversent les générations comme un long fleuve tranquille, fertilisant ceux qui en bénéficient, toujours aussi nombreux. Chacun le sait : « C’est en allant vers la mer que le fleuve est fidèle à sa source. » Dominique RAMBAUD,
Docteur ès Sciences |
Souvenirs d’un ancien scout de la 3° Saint-Maur de 1937 à 1945
(souvenirs publiés dans le numéro d'avril 2007 du journal Scout un jour ... dans le Val de Marne)
Préambule j’ai essayé de relater
mes souvenirs et impressions avec l’age que j’avais aux moments des faits
c'est-à-dire de 11 à19 ans (essentiellement durant la guerre).
La troupe : Le chef : Petit Loup
(Robert Pagès) _______________ 1937
: Ma première sortie Le coin de patrouille à aménager : Le père de l’un d’entre nous (décorateur de cinéma renommé) nous a montré comment concevoir & réaliser un porte manteau solide pour y mettre 7 grands chapeaux & 7 capes. Découvertes du matelotage, du sémaphore, du secourisme, de la nature …du camp, son aménagement avec le montage de la tente, des marches à la boussole en s’aidant de la carte d’état major et aussi compréhension de l’esprit d’équipe dans la patrouille avec un peu de discipline très librement consentie…. 1938
Le 9 Juillet : Ma
promesse devant toute la troupe et mes parents. 1939
la guerre lointaine Les scouts sont appelés à aider, mais en attente de directives nous avons seulement joué et couru dans les couloirs et les classes vides !... 1940
la guerre proche Pour passer le
temps, et peut être se rassurer, nous avons improvisé un « canon » à
plusieurs voix dont je me souviens les
premières paroles : En 2005, évoquant
ce souvenir avec un cousin de mon épouse nous nous sommes mis à chanter
ensemble à la surprise de
nos femmes présentes : il y était aussi ; faisant partie de la 4ème
Saint Maur ! L’occupation Nous apprenons que Jean Cathelin, (ayant fait son départ routier avant d’être mobilisé dans la marine) est mort à Mers El Kébir ; il était sur le Strasbourg…… 1941
Trankalou Loin des
restrictions de la région parisienne, nous avons mangé à notre faim
durant ce mois. Je me souviens du petit déjeuner
: Nous avions droit à : Dans le parc boisé du château chaque patrouille a construit un camp fortifié entre lesquels nous livrions batailles de foulard, jeux de piste, etc…. La sieste après le repas de midi nous ennuyait mais permettait de digérer efficacement avant de repartir en aventures dans la foret voisine ou d’aller en « exploration » dans les environs et aussi d’aller dans les fermes voisines pour approvisionnement. Il y a eu aussi un jeu de nuit plein de mystère : le clair de lune et une légère brise nous faisaient imaginer des « ennemis » derrière tous les arbres de la foret !..... Peu avant notre retour, nous avons prospecté toutes les fermes avoisinantes pour collecter du beurre ; denrée rare à Saint Maur. Nous en avons rapporté dans le train deux lessiveuses pleines ! A l’arrivée ce fut un autre jeu d’aller porter discrètement et rapidement la part revenant à chacun. Le régime alimentaire suivi pendant ce séjour nous a tous fait engraisser en moyenne de quatre kilos !...à la satisfaction de nos parents. 1942
Un nouveau chef Montourtier Nous avons fait une
« Porte Ouverte » aux villageois du voisinage pour le 15 Août avec : Coin repas et cuisine avec test dégustation de notre repas de midi qui nous a valu des compliments étonnés des fermières ! .Il y avait en effet : lapin, purée et tarte au four (celui-ci de notre réalisation). Nous en étions très fiers ! Le châtelain content de notre prestation nous a fait une démonstration de son train électrique installé dans une pièce réservée à cet effet dans son château. 1943
A 17 ans maintenant « La Route » nous attend et affrontons notre
premier camp volant : Nous avons vu
CHEVERNY avec une pensée à Moulinsart ; n’est-ce pas mon capitaine ! CHAMBORD. C’est un grand souvenir : En arrivant dans les bois avoisinants nous avons entendu au loin et fait silence pour écouter des cors de chasse …..Saint Hubert patron des grandes chasses… n’était pas loin ! Le pré faisant face au château a été l’endroit idéal pour monter la tente et faire le feu. Le soir, le clair de lune découpait le château à la manière de celui d’un conte de fées sur fond de ciel étoilé. (Nous ignorions que bien des oeuvres du musée du Louvre étaient cachées dedans) 1944
Le débarquement, l’espoir, la libération ! la
Saint Georges le 23 Avril Camp
volant : Rouen-Le Havre Le Départ Le Départ Routier, c’est le départ dans la vie avec l’esprit Scout ..utopique ? et après ? : ça aide………….alors : marches ! J’ai fait le mien en partant, sac au dos, de l’abside de Notre Dame de Paris, lieu emblématique s’il en est. Jean–Claude
Tourrette |
Témoignage d'un jeune pionnier du Val de Marne
qui participait en juillet 2010 au rassemblement Cité-Cap de
Bordeaux(info provenant su site internet du journal Sud-Ouest.
en 2012, un ancien de Nogent sur Marne,
découvrant le site internet du groupe des Bords de Marne,
n'a pas hésité à envoyer un amical souvenir au groupe.