Les Scouts et Guides de France dans le Val de Marne

Script du spectacle du 75° anniversaire du groupe de Vincennes

Thème                                « La création du groupe scout de Vincennes – les années 1928 à 1936 »

Lieu de l’action                    Vincennes et environs

Date de l’action                   les années 1928 à 1936

Principe                               Un narrateur, situé « hors du temps », mais qui a vécu lui-même les événements, rapporte les débuts du groupe scout de Vincennes. Il ne s’agit donc pas d’un narrateur qui raconte, en 2006, ce qu’il a vécu en 1928 – 1936 ; il suit le déroulement de l’action.

Introduction                                              

                                               La pièce s’organise en saynètes, chacune reconstituant un moment fort ou symbolique des débuts du groupe. Entre ces saynètes, le narrateur intervient pour commenter la saynète précédente, replacer l’action dans le contexte historique, faire le lien avec ce qui va suivre, etc. Il le fait avec pédagogie et « revit » véritablement les événements. Evitons absolument l’impression « vieillard nostalgique » qui creuse sa mémoire ! D’ailleurs il serait souhaitable que le narrateur soit jeune (Raphaël ?). Dans ces espaces où apparaît le narrateur, viennent aussi s’exprimer, de façon impromptue, des personnages historiques, représentant symboliquement un événement marquant de l’histoire (par exemple, un petit porteur américain vient se lamenter au suite du « Jeudi Noir »).

                                                Chacune de ses interventions du narrateur ou d’un personnage historique serait idéalement le lieu d’un petit clin d’œil au présent (sans qu’il soit fait mention explicitement de cette intention). Le message à faire passer, par tous ces clins d’œil, serait simple : « Vous voyez, ce n’est pas pire aujourd’hui ! ». Dans un contexte de morosité ambiante, ça ne ferait pas de mal de relativiser un tant soit peu (Merci Bruno !). Pour reprendre notre petit porteur américain de toute à l’heure, il pourrait, par exemple se lamenter de ne pouvoir acheter sa voiture pour laquelle il avait économisé 10 ans, et ironiser qu’il aurait encore préféré une montée du cours du pétrole à cette crise bancaire ; il aurait en effet un peu moins utilisé sa voiture, mais il aurait pu au moins l’acheter ! (encore une fois, merci Bruno ! Promis, on va essayer d’en trouver d’autres nous-même !). On peut également envisager des clins d’œil à l’intérieur des saynètes, mais cela sera moins aisé ; sans oublier qu’il paraîtrait souhaitable de conserver l’authenticité de ces événements marquants de l’histoire du groupe.

 Éléments techniques      S’il paraît souhaitable que le narrateur et les personnages historiques disent leur texte (au moyen d’un micro), il serait plus facile de préparer une bande son pour les différentes saynètes de l’histoire du groupe. Un grand nombre des événements reconstitués dans ces saynètes ayant fait l’objet d’articles dans les journaux locaux, il pourrait être intéressant de lire tout simplement les articles correspondants. Cela permettrait également de voir comment ces manifestations et le mouvement pouvaient être perçus.

                                                Les décors seront certainement très restreints, du fait du nombre de saynètes. On peut simplement imaginer un bureau pour le séminariste.

                                                Les costumes, quant à eux, devront être élaborés avec soin, pour compenser le manque de décor. Il convient quand même de reconstituer une époque !

 Personnages de l’histoire du groupe    

Le séminariste[2] – narrateur
Abbé Lorthioy – curé de Vincennes
Edouard Hunou – premier scoutmestre (chef de troupe) de Vincennes
Charles Duclos – premier chef de patrouille de Vincennes, ancien scout de Fontenay
Pierre Guillet     – premier chef de patrouille de Vincennes, ancien scout de St Mandé
Abbé de Saint-Pourçain – premier aumônier de la troupe
Commandant Lhopital – Représentant des Scouts de France
Baden Powell – fondateur du scoutisme
Lady Baden Powell – fondatrice du guidisme  

Scouts de Vincennes / enfants de la Saint Louis (5+2)
Un groupe de parents
Un encadrant de la Saint Louis / chef scout de Fontenay

Personnages de l'Histoire

Petit porteur américain
Victime des inondations dans le Midi
Ménagère parisienne
Jules Ladoumègue
Ouvrier français

Acte I  
Les prémisses

Le Séminariste :

–             Ca y est ! La nouvelle est annoncée ! Nous aurons bientôt notre propre troupe à Vincennes. Je tiens là la dernière parution de notre journal municipal le Donjon, dans lequel M. le curé expose ses projets pour la jeunesse de Vincennes. Je ne résiste pas à l’envie de vous en donner la lecture. L’article est intitulé « Scouts de France » ; le voici.

                                                                                                                 signé : Louis Lorthioy

Voici un remarquable article ! Voilà qui va occuper les jeunes gens encore désoeuvrés de notre ville. En effet, cette nouvelle troupe… (pause, Le séminariste jette des regards interrogateurs au public)

Ah ! Je vois que certains d’entre vous me portent un regard interrogateur. Qu’y a-t-il ? Non, je ne sais pas encore quand vous pourrez y inscrire vos jeunes têtes blondes ! (pause) N’insistez pas, soyez patient, ce moment est proche, je vous en assure. (pause) Ah ! Pardonnez-moi, j’étais mu par un tel enthousiasme que j’en ai oublié de me présenter ! Lucien Béra, je suis séminariste auprès de M. le curé.

Bien, voilà. Pardonnez mon empressement pour vous annoncer cette nouvelle… Cette nouvelle troupe disais-je, viens s’ajouter aux 2 troupes de scouts déjà présentes sur Vincennes : la troupe d’Éclaireurs de France et la troupe d’Éclaireurs Unionistes. Et cela sans compter les autres mouvements de jeunesse. Vous connaissez tous le Patronage St Louis qui occupe les plus jeunes à toutes sortes de jeux. Ils disposent de la salle paroissiale du 35 rue Mirabeau, vous voyez tous où cela se situe, ce terrain que M. Albert Pinta loue depuis 1898 à M. Adrien Délivré, président du Patronage. Vous connaissez certainement aussi la société Saint Louis, dont les jeunes membres se distinguent régulièrement dans divers concours de gymnastique. Les jeunes gens y pratiquent également le football, avec succès. Et je crois que l’on parle d’ouvrir une section de basketball.

   Reconstitution d’un entraînement de gymnastique de la Saint-Louis.

Bande son : lecture de l’annonce de la Saint Louis.

~     Scène 3 : 1929 - « Le Jeudi Noir »

Personnages	le séminariste petit porteur américain
Date	1929
Lieu	-

 Le Séminariste :

–             Bonjour à tous. Je viens vous donner des nouvelles de nos 11 jeunes garçons de l’Externat Saint Joseph, appelés par la suite à former la 1° Vincennes, que M. le curé a envoyé à la 2° Fontenay, sous la responsabilité de Paul Labriet. Il était entendu qu’ils y passeraient au moins une année, le temps nécessaire pour qu’ils soient formés aux méthodes et à la vie scoute, et voilà déjà presque 10 mois qui ont passé. J’ai encore assisté à une de leurs réunions il y a deux semaines, et ils paraissent impatients de créer la troupe de Vincennes. Ils préparent la fête qu’ils donneront conjointement dans la salle paroissiale du 35 rue Mirabeau le 22 décembre prochain, pour faire connaître cette troupe naissante. M. le curé a trouvé un scoutmestre ! Un chef va bientôt nous venir de Paris pour créer la 1° Vincennes ! Ca y est ! M. le curé a prévenu le commissariat national des Scouts de France. Ils doivent se réunir sous peu. Et si tout se passe sans encombre, l’affiliation officielle aura lieu au début de l’année prochaine. Nous touchons au but !

Ah, on s'en souviendra de 1929 ! Aussi bien à Vincennes que dans le reste du monde ! Sacré Wall Street ! 30 % de chute à la bourse ! En une journée... On n'avait jamais vu ça ! Et Opel qui est racheté dans la foulée par General Motors !

Heureusement qu'on a des hommes comme Aristide Briand pour nous remonter le moral. Non mais vous avez entendu ce discours sur l'Europe et sa proposition de créer les Etats Unis d'Europe ! Quelle idée épatante ! Après les affrontements auxquels on a assisté à Jérusalem, ça fait du bien d'entendre un message de paix. L'Europe, ça c'est l'avenir ! Une bonne constitution et ça va roule  tout seul ! Enfin, en attendant 30%, ça fait mal !

Le petit porteur fait irruption sur la scène et, au bord du suicide, se lamente sur son épargne envolée.

 Le petit porteur :

–             30% en une toute petite journée! Vous entendez, 30% ! Ils m’ont tout pris ! Tout ce que j’avais économisé ! J’avais tout placé en Bourse ! Pas grand-chose vous me direz, quelques titres de peu de valeur. Certes, mais hier ils valaient encore quelque chose ! Aujourd’hui, ils ne valent plus rien ! Plus rien, vous m’entendez ! Et dire que je les ai crus. C’est vrai que le Dow Jones n’avait cessé de grimper depuis 1926, il avait même plus que doublé en moins de 2 ans. C’est alors que je me suis décidé à faire comme tout le monde. J’ai acheté des titres, puis d’autres : toute mon épargne à la Bourse. Quelle folie ! Ben oui, mais en même temps, combien connaissez-vous de banques qui rémunèrent votre épargne à 45% ? Confiant, qu’ils disaient, il faut être confiant. Je me rappelle encore les mots du Président de la Bourse à la radio, il y a à peine deux mois : (imitant une voix solennelle) « C’en est apparemment fini des cycles économiques tels que nous les avons connus. » Apparemment ! Apparemment ! « Les promesses du capitalisme » qu’ils disaient encore… Ah elles sont bien belles les promesses du capitalisme. Envolée, oui, la Ford T HighBoy pour Noël ! Le salaire de tant d’années de labeur ! Si encore le prix du fioul avait grimpé, doublé ou triplé que sais-je, je ne l’aurais sortie que le dimanche. Et encore, je n’aurais pu la démarrer qu’en bas de la côte. Mais là, combien d’année vais-je encore devoir économiser pour l’acheter. Je crois que les russes ont raison. Ils n’ont plus rien, mais au moins, ils n’ont tous plus rien, et tant à eux tous !

 Bande son : Tribune Cantonale du 25 janvier 1931.

~      Scène 5 : 1930 - Terribles inondations dans le midi

Le Séminariste :

–             Ca y est ! Notre belle troupe s’est s’installée dans ses locaux : elle a investi une salle de classe de l’Externat Saint Joseph. Elle a été baptisée « Troupe Foch » en hommage au Commandant en chef des armées alliées, décédé en notre ville il y a un peu plus d’un an. Ouverte aux jeunes gens de l’Externat et du Patronage elle en a déjà accueilli près d’une dizaine, si bien qu’elle compte déjà quatre patrouilles : les « Cigognes », les « Coqs », et les « Cerfs ». Et une patrouille d’aînés a également été constituée, pour prendre en charge l’éducation des plus jeunes. Tout cela est en bonne voie. Edouard Hunou prend cette entreprise très à cœur. Je crois qu’il a beaucoup d’espoir sur l’avenir de cette troupe. Il sera exigent avec les jeunes, il n’y a pas de doute. Mais je crois qu’ils ne demandent que ça. Ils ont tant à apprendre…

Après  le séisme qu'a connu la Birmanie cette année, on pourrait presque organiser un camp là-bas, avec les plus grands pour les aider à reconstruire leur pays. On a bien prié, M. le curé, comme vous nous l'avez demandé, mais il va bien falloir mettre la main à la pâte. Notez, qu'on a déjà bien à faire chez nous, avec toutes ces inondations qui ont ravagé le Midi de la France.

 Une victime des inondations entre alors sur la scène, elle fait mine de chercher quelque chose. Elle voit le public.

 La victime des inondations : (accent paysan méridional)

–             Z’auriez pas vu mon chien ? La pauv’ bête a été emportée par les eaux. (Elle fait mine de tendre l’oreille, comme pour écouter une question). Si loin ? Ah ben oui, ma petite dame ! Z’avez pas idée de la violence des eaux dans le pays madame. Il sait nager vous savez ; il a, pour sûr, été porté par les flots. Il aura atterri par ici à en croire l’ courant. En tout cas, n’ a jamais vu pareille crue dans la région. Les maisons détruites, les lignes ‘lectriques arrachées, les arbres ‘si. Et les champs ! Ravagés nos champs oui ! Ravagés ! Enfin, si le Bon Dieu en a voulu ainsi ! Et mon bestiau, c’ brave chien, quelqu’ part par ici. J’ sais pas ce que z’ en pensez, mais moi ça me pose des questions tout d’ même tout c’ t’ eau. Bah, c’est sûr, on avait d’jà vu ça avant. J’ me souviens même d’une terrible crue en 1874. J’étais môme, ouais, j’ devais avoir 12 ans. Ah ouais c’ t’ terrible. Mais pas ‘si terrible que ça. De mémoire d’aïeule, j’ crois bien qu’ j’ai jamais entendu parler d’une chose pareille ! J’ l’ impression qu’ depuis qu’y a ces usines l’ bas, à la sortie du pays, y pleut plus. Ouais, non mais j’ v’ assure. Et pi l’ temps y change plus vite. T’nez, il y a encore pas longtemps ‘n’avait un peu de froid, y gelait, et là il pleut, et on a la chaleur d’ juin presque. J’ sais, ça paraît bête, mais j’ v’ assure, ces ch’minées, elles font des gros nuages noirs, faut les voir les nuages. Z’ allez pas me dire qu’ c’est normal tout ça, hein ? Enfin, j’ vais aller voir pas là…

Elle s’éloigne.

  Il s’agit tout simplement de reconstituer une scène du spectacle de la première Fête de Groupe de Vincennes.

Bande son : Tribune Cantonale du 15 novembre 1931.

 Acte II

Les premiers instants

~      Scène 1 : 1931 - Ouverture du premier supermarché en France

Le Séminariste :

–             Il y a du renfort ! La troupe vient d’accueillir un nouveau chef de patrouille. Jean Potier. Il nous vient de Vincennes, à ce que l’on m’a dit. Ah ! Notre premier chef vincennois. Il va prêter main forte à Edouard Hunou, ainsi qu’aux deux autres chefs de patrouille Charles Duclos et Pierre Guillet, pour encadrer cette troupe qui ne cesse de grandir. Ces deux deniers sont arrivés dès la création de la troupe, vous les aurez certainement déjà croisés ; le premier nous venait de Fontenay, le second de Saint-Mandé. La cérémonie d’investiture a eu lieu ce 20 décembre 1931 : outre la promesse de Jean Potier, nous avons assisté à trois nominations de seconds de patrouilles. La troupe toute entière a alors entonné le chant de la promesse à l’unisson :

                               Devant tous je m’engage
                               Sur mon honneur
                               Et je te fais hommage
                               De moi Seigneur
                               Je veux t’aimer sans cesse
                               De plus en plus
                               Protège ma promesse
                                Seigneur Jésus

Puis Pierre Guillet a été nommé chevalier. M. l’aumônier reproduit les rites de la chevalerie du Moyen Age, et rappela à l’occasion, à l’adresse des plus jeunes et des parents présents, les devoirs du scout :

                               Le scout est fier de sa foi et lui soumet toute sa vie,
                               Le scout est fils de France et bon citoyen.
                               Le devoir du scout commence à la maison.

                Et la troupe d’entonner le cantique des chefs à Monseigneur Saint Louis :

                               Saint Louis Monseigneur de France
                               Et bon Sergent de Jésus Christ
                               Vers toi monte notre humble cri :
                               Garde tes Chevaliers de France.

Toutes ses jeunes poitrines chantant d’une seule voix et avec une telle énergie ! Un tel engouement met du baume au cœur. A ce propos, je crois qu’ils se sont illustrés récemment dans un rallye. Ils ont participé à une sorte de compétition entre différentes troupes de la région. Il y a eu des épreuves sportives et d'autres académiques. Des questions leur ont été posées sur l'histoire du scoutisme, sur la pédagogie, sur les techniques scoutes. C'était fort divertissant et nos jeunes ont bien fait honneur à la troupe.

En rentrant du rallye, ils sont allés visiter ce nouveau magasin, dont tout le monde parle et qui vient d'ouvrir ses portes rue Caumartin, le "supermarché" Prisunic. Il parait que ça va révolutionner nos mœurs, d'après ce que disent les journaux. Remarquez pendant que la presse nous parle de ces petits potins au moins elle arrête de nous abreuver de nouvelles sur l'effondrement de la livre Sterling et sur la faiblesse du système capitaliste. Enfin, il y en a un qui n'est pas près d'aller le visiter le nouveau Prisu, c'est Al Capone, il parait qu'il vient de se faire coffrer à Cincinnati.

 La ménagère entre sur la scène, un panier à la main. Elle chantonne.

 La ménagère parisienne :

–             Que d’articles en un même lieu ! Je crois bien que c’en est fini des courses telles que nous les avons connues pendant si longtemps. Fini les kilomètres parcourus sur le marché ou entre les boutiques, fini les pertes de temps inutiles. Ah ! Les pertes de temps…J’excellais dans ce domaine ! J’oubliais toujours quelques chose chez le boucher et, bien entendu, je ne me rendais compte qu’une fois dans la file d’attente du boulanger. Désormais, je peux tout acheter dans un même endroit. Ce gain de temps est inestimable : je vais enfin pouvoir profiter des joies de la ville. Et oui, dans ville, il y a vie ! Et puis, mettons que j’oublie quelque chose, je peux y retourner dans l’après-midi, c’est ouvert à partir de 13h00 ! En plus, c’est extrêmement facile d’accès : la gare de métro est toute proche et le bus s’arrête à la Gare St Lazare. Et avez-vous vu tous ces produits ! Un tel choix à de tels prix ! Ce sont là des courses efficaces, on n’en faut point douter. Finies également les discussions de bonne convenance avec tous les commerçants. Ah ! Je suis lasse de rendre compte de l’état de santé de toute la famille dès que j’achète le moindre pot de rillettes, ou d’entendre parler de Mme Jeanne chaque fois que j’achète mon fromage. Je ne la connais même pas cette Mme Jeanne ! Et puis si l’on veut des nouvelles, aujourd’hui, on a le téléphone ! Il faut vivre avec son temps !

 Elle quitte la scène en chantonnant.

Reconstitution d’un rallye sous forme de test de connaissances. Le chef scout pose des questions à 3 scouts. Ils lèvent la main avec impatience pour répondre. Charles Duclos compte les points. Les autres, assis, regardent.

 Bande son :

 –             Bien, tenez-vous prêts. Nous commençons par quelques questions sur l’historique du mouvement scout. Que signifie « scout » ? :
–             Dans l’armée des Indes, un scout désigne un éclaireur.
–             Et que signifie « Jamboree » ?
–             En zoulou, jamboree signifie "réunion d'amis" ; c'est le nom que Baden- Powell donna aux rassemblements de scouts.
–             Bien. Quand et où s’est tenu le premier jamboree ?
–             En 1920, à Londres.
–             Très bien. Quel nom donne-t-on à Baden Powell ?
–             Chef scout du monde.
–             A quelle date fut créée la Fédération des Scouts de France ?
–             En 1920 !
–             Qui en furent les fondateurs ?
–             Le père Jacques Sevin, le chanoine Cornette et Edouard de Macédo.
–             Bien, passons aux symboles scouts : quel est le symbole qui représente les scouts tout autour du monde ?
–             La fleur de Lys.
–             Quelle est la devise du scout ?
–             Etre prêt !
–             Quelle est la croix Scoute ?
–             La croix de Jérusalem !
–             Très bien. Un autre symbole maintenant : qu’est-ce que le badge de bois ?
–             C’est un insigne scout ! Il est composé de deux bûchettes attachées aux extrémités d’un lacet de cuir noué en collier. Il atteste des compétences d’un chef.

–             Oui, il est remis au chef après une formation et un investissement prolongé au sein du mouvement.
–             Très bien, passons aux lois scoute et louveteau. Quel livre a inspiré Baden Powell pour écrire la loi louveteau ?
–             Le livre de la Jungle de Rudyard Kipling.
–             Quels sont les 5 axes d’éducation du scout ?
–             La relation à soi, la relation aux autres, la relation au monde et aux choses, la relation au corps et la relation à Dieu.
–             Comment appelle-t-on le groupe des aînés ?
–             Le clan.
–             Parfait. Quel est le dernier commandement de la loi scoute ?
–             Le Scout est pur dans ses pensées, ses paroles et ses actes.
–             Bien. Terminons par quelques questions de technique scoute : par quoi commence-t-on un brelage ?
–             Un nœud de cabestan !
–             A l’aide de quel nœud confectionne-t-on un trépied ?
–             Une tête de bigue !
–             Très bien. Pour finir, donnez-moi trois techniques pour construire des ouvrages en bois sans corde.
–             Le mi-bois, le tenon et la mortaise.
–             Très bien. Toutes les questions ont été posées. Et je crois bien que Vincennes l’emporte une fois de plus.
–             CRI de la troupe de Vincennes.

Le Séminariste :

–             Ca y est ! Notre jeune meute louveteau a reçu l’investiture officielle de la Fédération. Quelle magnifique cérémonie à nouveau que celle-ci ! C’était le 19 juin de l’année passée, dans les locaux de l’Externat St Joseph. Notre groupe se constitue peu à peu. Ils ont même ouvert, il y a peu, un clan de routiers pour accueillir les plus âgés. Nous pouvons également nous réjouir de la création, sur la paroisse de Saint Louis de Vincennes, de la première Compagnie Guide. L’on peut vivement espérer que Vincennes ne restera pas longtemps sans réagir, et que les scouts auront bientôt la joie de voir leurs sœurs rejoindre nombreuses la nouvelle Compagnie.

Oh ! Mais, je ne vous ai pas parlé le camp de Pâques de l’été dernier ! La troupe et la meute sont parties quelques jours en camp pendant les vacances de Pâques l’année dernière. Il s’agissait là de leur premier camp et les jeunes garçons étaient ravis de pouvoir mettre en pratique tous leurs enseignements et de pouvoir vivre pleinement la proposition scoute dans la vie de camp. Ils en ont tous revenu enjoués.

Les événements récents ne nous donne pas, malheureusement, des motifs de réjouissances aussi nombreux. Nous portons tous encore le deuil de Paul Doumer, Président de la République, assassiné le 7 mai dernier. Tout comme est encore présent à nos esprits l’affaire Violette Nozières qui, accusée de parricide, risque la peine de mort. En nos temps modernes, et dans un pays avancé comme le nôtre, il paraît absurde que la vie d’un homme puisse être encore l’objet de délibérations.

Ah ! Et puis pensons à un athlète national, radié à vie pour faits de professionnalisme, alors qu’il battait il y a quelques mois le record du monde du mile. C’est la carrière d’un de nos rares athlète qui coupe court.

 Jules Ladoumègue entre en trottinant. Parle comme s’il était seul, alterne un ton révolté et désabusé.

 Jules Ladoumègue :

–             Un complot ! Je ne vois que cela : il s’agit là d’un complot ! Comment expliquer sinon ces billets que l’on avait retrouvés dans ma chambre d’hôtel. Certains disent qu’il y en avait une pleine mallette. C’est faux, il s’agissait de grosses coupures… Quoi qu’il en soit, je suis innocent ! Et je compte bien clamer haut et fort mon innocence. Je ferai appel à cette décision injuste : radié à vie, pour si peu... Par-dessus tout un innocent. On aura voulu m’évincer des Jeux Olympiques de Los Angeles, voilà tout. On aura eu peur de mes performances ! Enfin, dans l’affaire, c’est tout de même bien moi la victime. Alors n’inversons pas les rôles. On a introduit des billets dans ma chambre à mon insu, par pure malveillance. On m’a dupé ! On m’a menti ! Entendez-le bien. Et pourquoi moi ? Il existe des dizaines et des dizaines de sportifs qui demandent bien davantage encore. Alors, pourquoi moi ? Pourquoi, de plus, un innocent ? En outre, pour ma part, je n’ai pas triché, je n’ai pris aucune drogue. Tant établissent ainsi des records ? Tant de coupables. Coupables et hypocrites qui plus est. Tenez, j’en entendais un récemment qui clamait avec véhémence son innocence : « On m’aurait menti ! » disait-il ! Ah ! Menti !

 Il s’éloigne.

  Bande son : le Donjon de juillet-août 1934.

Le Séminariste :

–             Cette année est une année de grand chambardement : Charles Duclos, Pierre Guillet et Jean Potier sont appelés au service militaire. Ils seront remplacés par Maurice Paraire et Jean Hubert. D’autre part, l’abbé de Saint-Pourçain a quitté ses fonctions d’aumônier et sera remplacé par le Père Raphaël. Que de changements ! Que de beaux projets également ! Les scouts, à leur , nous ont réservé une fête surprenante qui a réjoui parents et amis. Voilà 5 ans que la troupe a été créée et elle ne montre aucun signe de faiblesse ! Bien au contraire ! Ils ne manquent pas d’imagination et d’enthousiasme. Après un premier camp aux Iles Chausey, ils partaient l’été dernier dans le Jura pour un camp peu ordinaire : ce dernier s’ouvrait en effet par un camp volant de 10 jours. La journée sur les routes ou dans les montagnes, et chaque soir dans un nouveau village. Et durant leur marche, le cœur en joie, ils chantaient sans relâche. Cet été, ils nous régalé avec une fête dont ils ont le secret. Ils participent également à la vie de la commune : le 29 juin dernier, on les voyait faire une haie d’honneur à M. Kimmel, maire de Vincennes, Indiana, en visite officielle à Vincennes. A propos de visite officielle, cette année est une année pour le scoutisme français : nous recevrons, le 13 décembre prochain, la visite du fondateur du scoutisme, Sir Baden Powell, accompagné de son épouse, Lady Olave.

Ces années-là sont aussi des années de grand chambardement pour les nations, mais je préfère ne pas y penser. Nous gardons également à l’esprit le suicide de Roger Salengro, Ministre de l’Intérieur, ainsi que les violents affrontements entre juifs et arabes en Palestine. Mais rappelons plutôt les accords signés en juin à l’hôtel Matignon. 40h et 2 semaines de congés payés. Voici venir l’avènement d’une ère nouvelle !

 L’ouvrier français rentre sur scène, un sourire radieux illumine son visage.

 L’ouvrier français :

–             J’ai peine à y croire. Entendez moi ça : 40h par semaine et des congés payés. 2 semaines ! Ca c’est une avancée sociale ou je ne m’y connais pas ! 40h, faites le calcul vous-même : ça fait 8 heures par jour. 8h ! Il serait proprement honteux de travailler moins. Je me demande même si ce serait possible. On n’aurait de toute façon pas assez d’argent pour occuper tant de temps à l’oisiveté. Et puis, il faut bien de la force vive pour faire tourner les machines ! Mais 8h par jour, c’est inespéré ! Il nous faudra certes, à cela, ajouter çà et là une dizaine d’heures supplémentaires : il faut bien désormais payer la voiture. A quoi sert en effet d’avoir des congés, si c’est pour rester chez soi ? 2 semaines de congés, intégralement payés par l’entreprise. Rendez-vous compte ! Ah ! Les projets ne manquent pas : nous aimerions, ma femme et moi, partir voir des cousins à Etretat. Une semaine en Normandie cet été : que demander de plus ! Pouvoir quitter ces ateliers qui, durant les chaleurs d’août, sont de véritables fournaises. Au lieu de ça, au lieu d’une journée quotidienne de 10h de labeur, une promenade sur la plage, un tour de bicyclette, une partie de pêche. J’ai peine à y croire. J’entendais ce matin à la radio un type qui racontait que c’était la première fois dans l’histoire du monde, que toute une classe obtenait dans le même temps une amélioration de ses conditions de vie. Et quelle amélioration ! Matignon restera, comment en serait-il autrement, un lieu symbolique de la défense des droits des travailleurs.

 Baden Powell :

–             Frères Scouts,

Il y a peu de temps que je suis rentré des Indes. En arrivant dans ce pays, si profondément divisé en castes, j'ai trouvé jusqu'à six organisations différentes de scoutisme. Rien de fondamental ne les divisait et les enfants qu'elles unissaient ressemblaient fort aux nôtres. Les différences que l'on remarque entre adultes de races se montrent beaucoup moins chez les enfants et l'on peut dire que les garçons sont les mêmes dans le monde entier. Aussi a t-il été possible de fédérer tous ces mouvements dans notre idéal et ce faisant j'ai constaté une fois de plus que le lien du scoutisme n'unit pas seulement les garçons mais aussi les adultes. Dans cette Inde si diversifiée, c'est le scoutisme que j'ai vu amener des adultes de castes différentes, que rien d'autre n'aurait pu décider à se parler, à frayer et à travailler entre eux.

En arrivant en France, j'ai été heureux de vous voir travailler en commun et j'ai été particulièrement frappé de vous voir porter cet effort commun, symbolisé par ce nouveau drapeau, dont les plis renferment un si bel espoir sur la question si importante de la formation des chefs. Je vous demande donc à tous, Guides ou Éclaireuses, Éclaireurs Unionistes, Scouts ou Éclaireurs de France, d'avoir toujours comme but principal l'oubli de toutes différences de classes ou de croyances, afin que le mouvement scout reste fort parce que parfaitement uni. Ainsi, vous travaillerez tous en commun pour le bien de votre Pays.

Hier soir, en allant à Versailles, je voyais le soleil se coucher derrière l'Arc de Triomphe, sur la tombe du soldat inconnu. Il disparaissait derrière un gros nuage violacé et un sentiment de tristesse remplissait mon âme. Il me semblait que c'était l'astre de la France meurtrie qui se couchait et je faisais effort pour me persuader que l'aurore devait luire un jour. Cette aurore, je l'ai vue se lever le lendemain en arrivant dans votre camp de chefs. J'y vois l'espoir d'un magnifique développement de votre scoutisme national : peut être n'est ce qu'un rêve ... En tous cas, c'est à vous qu'il appartient de le réaliser et dans cette grande entreprise, que Dieu vous aide !

 Lady Baden Powell :

–             Chères sœurs Guides,  

Voici que les scouts se sont mis en marche dans beaucoup de pays et je m’en réjouis. Il nous faut, mesdemoiselles, nous mettre en marche à notre tour, à la suite de nos frères ; nous devons apporter notre concours à la construction du monde de demain. J’ai créé le mouvement Guide, il y a de cela 25 ans maintenant, car il m’est apparu que les jeunes filles étaient dans l’attente. J’ai donc fondé ce mouvement sur les valeurs qui fondent le mouvement scout, car il me semble que cet idéal est universel ; mais j’ai également pris en compte les différences fondamentales qui distinguent les jeunes filles des jeunes garçons. Les garçons bâtissent de leur bras et de leur cœur, les filles de leur constance et de leur amour. Jeunes filles et jeunes femmes de France, prenez vos responsabilités, éduquez-vous et donnez vie à vos rêves. Soyez les ouvrières d’une France épanouie et resplendissante, d’une France renouvelée ! Dans le monde entier les femmes se lèvent pour avancer sur le chemin de la vie guide. Je vous souhaite à toutes de connaître cette expérience et confie au Seigneur tous mes espoirs.  

Mes très chers frères Scouts,

Sachez accueillir vos sœurs et encourager leur éducation ; je vous prie instamment de recevoir  avec bienveillance leurs initiatives et leurs aspirations. Enfin, je vous souhaite à tous, frères scouts et sœurs guides, de faire bonne route !  

   Le Séminariste :

–         Quel discours ! Je suis sûr que les Scouts de la France entière ont su recevoir ce message d’unité et d’encouragement. Les jeunes filles et les femmes de notre pays ne manqueront pas  non plus de répondre à l’appel de Lady Baden Powell et l’on verra bientôt se créer de nombreuses Compagnies Guides. Comme la troupe Foch est née et a grandi promptement, une Compagnie Guide verra le jour dans notre ville de Vincennes, vous verrez.  Et elle connaîtra, pour sûr, le même succès, car nous pouvons compter sur le dynamisme de cette jeunesse féminine qui tient à avoir une place dans le monde de demain. L’on peut alors se réjouir qu’elles saisissent, comme leurs frères scouts, la chance de s’épanouir selon leurs aspirations propres, et l’on peut espérer que ces derniers sauront les accueillir et les encourager dans cette voie. Qui sait d’ailleurs s’ils ne marcheront pas un jour main dans la main, en parfaite unité ? Au vu de l’évolution de notre société, cela ne m’étonnerait guère. Enfin, l’avenir nous le dira...

L’avenir nous dira également ce qu’il adviendra du mouvement scout tout entier. A quoi ressemblera-t-il à l’aube du prochain millénaire ? Il est difficile de se l’imaginer, certes. Néanmoins, on peut sans mal se figurer un mouvement où chacun aura sa place, où chacun sera accueilli, un mouvement où les jeunes gens de tous horizons continueront à bâtir, ensemble, un monde de paix. Peut-être verra-t-on naître d’ailleurs des mouvements scouts d’autres religions. Et que sera alors devenu le groupe scout de Vincennes ? S’il sait conserver cette audace qui l’a fait grandir et qui émerveille encore tant de gens, nul doute qu’il sera l’un des plus grands groupes de la région, et pourquoi pas l’un des plus grands groupe de France. Je vous avoue que je place toute ma confiance en ce jeune groupe qui montre aujourd’hui l’exemple. Je souhaite cependant qu’il ne s’enorgueillisse pas et qu’il sache rester à l’écoute et au contact de tous les scouts en marche à ses côtés.